24 janvier 2011

Une riposte commune:

Les pays du Sahel sont considérés comme une source de menace, y compris par les pays européens. Famine et terrorisme: un cocktail explosif pour le Sahel. Selon l’ONU, ce sont environ quatre-vingts pays qui sont en situation de déficit alimentaire.

AQMI

Les plus menacés sont le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal et le Tchad. Les pays du Sahel ne souffrent pas uniquement de cette calamité. Pis encore, cette région est devenue depuis une décennie le sanctuaire et la forteresse des terroristes d’Al Qaïda au Maghreb islamique, cette organisation spécialisée dans la prise d’otages ciblant les ressortissants occidentaux et les trafics en tous genres.

Il y a plus d’une semaine, deux jeunes ressortissants français y ont perdu la vie dans des conditions opaques, ce qui continue de susciter la polémique.

AQMI et leurs otages

Aujourd’hui encore, sept otages dont cinq Français sont entre les mains des terroristes depuis bientôt cinq mois. Ces enlèvements sont, selon Al Qaïda, liés à l’implication militaire française en Afghanistan, où deux journalistes français sont détenus depuis plus d’une année. Auparavant, des Espagnols et des Britanniques avaient fait l’objet d’enlèvement au Sahel.

Tous ces pays concernés de près ou de loin, tentent maintenant de réagir dans un cadre plus général et mieux concerté, et ça ne pourrait être bien évidemment que celui offert par l’Union européenne. Cette dernière présentera, en ce fin janvier ou début février, une stratégie liant sécurité et développement pour la Mauritanie, le Mali et le Niger pour faire face aux menaces d’AQMI.

AQMI et les deux Espagnols

Ces trois pays sahéliens, sont de plus en plus confrontés à la menace terroriste d’Al Qaïda, dans un contexte caractérisé par une situation économique catastrophique, et ne peuvent par conséquent, lutter efficacement contre ce fléau, que le principal conseiller du président Barack Obama avait qualifié, lors de sa visite à Alger, il y a quelques jours, de «menace transnationale».

Ce constat terrible est, semble-t-il, partagé par les Européens, si l’on s’en tient au propos du commissaire au Développement, Andris Piebalgs. «Il y a un lien entre les questions de sécurité et de développement au Sahel», a déclaré ce dernier lors d’une rencontre à Paris, avec le ministre français de la coopération, Henri de Raincourt.

Fin octobre 2010 déjà, les ministres des Affaires étrangères de l’UE avaient chargé le chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, de «définir une stratégie sur le Sahel» afin de «promouvoir la sécurité, la stabilité, le développement et la bonne gouvernance dans la bande sahélienne».

Parmi les projets concrets à l’étude, figurent outre l’aide au développement, des missions de formation de douaniers ou forces de sécurité. «S’il n’y a pas de développement, cela peut favoriser des mouvements qui débouchent sur la violence», a observé Mr De Raincourt. Comme chacun peut le constater, ce ne sont que des intentions vagues qui ne permettent pas vraiment de lire la stratégie de l’UE. A l’inverse, les Américains sont plus directs.

Des propos tirés d’un ancien responsable de la CIA, on apprend ceci: «J’ai parlé de partenariat et non pas d’intervention avec l’Algérie et les pays du Sahel. Al Qaîda est une menace transnationale. Nous devons travailler ensemble pour partager les informations et éviter qu’elle puisse tuer des Algériens, des Américains, des Français ou tout autre citoyen. Nous n’avons jamais senti que nous n’étions pas les bienvenus, néanmoins si un Américain est pris en otage, le gouvernement américain est dans l’obligation de le protéger.»

neutraliser AQMI

C’est ce qu’a déclaré John Brennan à partir d’Alger. Le discours américain a le mérite d’être moins ambigu que celui adopté par les Européens. Dans les deux camps, l’intervention militaire est décalée mais non définitivement écartée.

Mise à part l’Algérie, qui a un savoir-faire et une expérience dans la lutte antiterroriste, ni le Mali, ni le Niger et encore moins la Mauritanie ne sont sérieusement considérés comme des partenaires par les Européens et les Américains. Au-delà des attitudes diplomatiques, le Sahel est plutôt considéré comme un terrain où s’exerce aujourd’hui une épreuve de force géostratégique qui n’a pas encore livré tous ses secrets.

Partagez

Commentaires