5 novembre 2010

Prison de la mort

Communément appelé “100 mètres“, la prison de Dar Naïm (Nouakchott, Mauritanie), est frappée ces temps-ci par une épidémie inconnue. Plus d’une cinquantaine de déténus de cette prison, présenteraient les mêmes symptômes de la maladie. Dans un premier temps, cette maladie se manifesterait par un gonflement des membres et c’est la mort qui suit quelques jours plus tard. Ce matin encore, un détenu nommé Harouna Coulibaly s’est éteint, 48 heures après avoir été transporté à l’hôpital avec deux autres déténus atteints de la même maladie. Selon certaines sources, une dizaine de prisonniers serait déjà décédés en deux jours.

Rappelons que la Mauritanie est l’un des pays au monde où les “droits de l’homme“ n’ont aucune signification. La situation dramatique dans laquelle vivent ces déténus empire de jour en jour, alors que les autorités concernées n’y accordent aucunement d’attention aux droits fondamentaux que garantissent, à ces personnes, la constitution et les conventions internationales. Parmi les prisonniers décédés, nous citerons ceux-là dont nous avons pu obtenir les noms ; il s’agit : Cheikh Ould Bilal Djouli dit « Quinté », Elkori Ould Mahmoud, Mohamed Ba dit « le Peulh », Mohamed Ould Ahmed, en plus du libérien nommé « Brother ».

Amnesty International, lors de sa dernière visite dans le pays, a constaté l’inimaginable délabrement des prisons dans lesquelles sont incarcérées des personnes telles que vous et moi, des humains. Principalement dans la prison de 100 mètres (Dar Naïm), l’ONG a recensé 33 malades dans un état mortel, 19 qui ont un diagnostic critique, reconnus par l’administration carcérale. Les maladies répandues dans ces prisons sont : la gale, la tuberculose pulmonaire et l’hépatite endémique. Et aucune surveillance médicale n’est acceptée aux déténus malades, encore moins un traitement.

La prison de 100 mètresAprès le passage d’Amnesty International, les présumés prisonniers salafistes, on subit des sévices ; ils ont été isolés dans des cellules individuelles de moins d’un mètre carré (1m2), privés de visites et soumis à des mesures sévères injustifiées. Nous citerons entre autres : Ould Semane, Ould Sidina, Ould Haïba, Teyib Ould Saleck, Ould Khaled et Didi. Face à cette recrudescence de décès dans les prisons mauritaniennes, l’Association de Femmes Chefs de Familles (AFCF), SOS-Esclaves et l’Association mauritanienne des Droits de l’Homme (AMDH), invitent le président de l’Assemblée Nationale, ainsi que le président du Sénat, à se saisir de la question et en urgence. Les familles des déténus dénoncent, entre autres, la sévérité des mesures prises injustement à l’encontre des prisonniers ; elles dénoncent également la négligence et l’irresponsabilité à l’origine de la mort de plusieurs prisonniers. Et cela, en raison des avertissements d’Amnesty International, elles y décèlent la délibération d’un acte criminel dont les responsabilités et l’éventuelle récidive, méritent une enquête parlementaire sur la condition humaine dans les prisons et lieux de détention provisoire de la Mauritanie. Nous, jeunes intellectuels engagés, défenseurs de la juste cause des droits de l’homme en Afrique, adressons nos sincères condoléances aux parents, familles et amis des disparus et réitérons nos engagements au côté de la communauté des Droits de l’Homme en Mauritanie à lutter contre la peine de mort, la torture, la maltraitance carcérale et l’impunité des crimes politiques et appelons aussi à la mobilisation vigilante contre les atteintes à l’intégrité de la personne.

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Commentaires

Boukari Ouédraogo
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souvent il y a des gens qui vont en prison et qui sont content